Les Fibres, base de l'alimentation du cheval

Quand on parle d’alimentation équine, beaucoup de propriétaires pensent d’abord aux granulés, aux compléments, aux rations calculées au gramme près. Pourtant, le véritable pilier de la santé du cheval, c’est beaucoup plus simple : les fibres.
Un système digestif conçu pour manger en continu
Le cheval est un herbivore monogastrique non ruminant. Des termes un peu techniques pour dire que son système digestif est fait pour ingérer de petites quantités de fibres en continu, pendant 14 à 18 heures par jour (source : INRAE – Alimentation des chevaux, 2012). En liberté, un cheval passe en moyenne 60 à 70 % de son temps à brouter, soit environ 15 heures par jour .
Cela signifie que son intestin est constamment sollicité pour digérer les fibres végétales (présentes dans l’herbe, le foin, la luzerne…), grâce à une fermentation microbienne qui a lieu dans le cæcum et le gros côlon. Ce mécanisme produit des acides gras volatils, une source d’énergie lente et stable, parfaitement adaptée aux besoins du cheval, notamment à l’entretien et à l’effort modéré (source : Martin-Rosset et al., 2008).

Lutter contre les ulcères, coliques, et trouble du comportement
Un cheval qui ne reçoit pas assez de fibres – ou qui reste trop longtemps sans accès à du fourrage – peut développer de nombreux troubles :
- Ulcères gastriques : L’estomac du cheval sécrète de l’acide en continu, même s’il ne mange pas. Sans fibre pour absorber cet excès d’acide et tapisser la paroi stomacale, des lésions peuvent apparaître (source : Equine Veterinary Journal, Andrews et al., 2006). Les études les plus récentes tendent à acter qu’un cheval ne peut rester plus de 4 à 6h à jeun, sous peine de commencer à ressentir des maux d’estomac.
- Coliques : En particulier les coliques de stase (liées à un ralentissement du transit) ou de fermentation (liées à une dysbiose intestinale). Les fibres permettent de maintenir un transit régulier et une flore microbienne stable(source : IFCE – Alimentation et prévention des coliques, 2020).
- Stéréotypies (tic à l’ours, tic à l’appui, etc.) : Les comportements répétitifs sont fortement corrélés à une alimentation pauvre en fibres et à une restriction du temps d’ingestion (source : McGreevy et Nicol, 1998 – Applied Animal Behaviour Science).
Des fibres, oui, mais en quelles quantités ?
Les recommandations actuelles suggèrent un apport de fourrage d’au moins 1,5 % du poids vif du cheval par jour, soit 7,5 kg de foin pour un cheval de 500 kg, et idéalement 2 % ou plus si l’activité le permet (source : INRAE, tables 2012).
Les calculs se complexifient lorsque le cheval à accès à plusieurs formes de fibre. C’est typiquement le cas des chevaux vivant au pré la journée et au box la nuit. Selon les saisons, l’herbe apporte

Fibre et sport : un duo gagnant
Contrairement aux idées reçues pendant de nombreuses années, l’apport conséquent en fourrage n’est pas un frein à la performance. Au contraire ! En respectant les besoins physiologiques du cheval, on lui offre la possibilité d’exprimer son plein potentiel. Les fibres participent activement à stabiliser l’énergie, mais aussi à améliorer l’assimilation des concentrés, à limiter les pics de glycémie et à développer un meilleur équilibre mental. Autant de facteurs qui aident à gérer les sollicitations physiques de l’entrainement et à performer en compétition.

En résumé
L’apport en fibres n’est pas une option, c’est la base absolue de la santé digestive, mentale et physique du cheval. Avant de parler de compléments ou de calculs compliqués, la première question à se poser est simple :
Mon cheval a-t-il suffisamment de fibres, et suffisamment de temps pour les consommer ?